La nouvelle traduction du Missel romain

Du changement à la messe
Une nouvelle traduction du Missel romain doit entrer en vigueur le premier dimanche de l’Avent, le dimanche 28 novembre. Présentation avec Christine Verny, membre de l’équipe de Pastorale liturgique et sacramentelle.
La nouvelle traduction du Missel Romain, est-ce vraiment un événement ?
Avec le Service de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, nous avons d’abord pensé que non !
Et puis en travaillant, nous avons changé d’avis, pour deux raisons :
- D’une part, c’est l’occasion de (re)découvrir que le Missel Romain n’est pas le Missel “du prêtre” mais le livre de prière de toute l’assemblée : Le prêtre prononce la plus grande partie des prières mais il le fait de notre part, dans les oraisons, la préface, la prière eucharistique…la nouvelle traduction nous interpelle, nous sortons de l’habitude et redécouvrons la beauté de ce dialogue avec notre Seigneur.
- D’autre part, l’arrivée de la nouvelle traduction pourrait être l’occasion de prendre conscience du lien de notre paroisse avec les autres communautés, du diocèse, de France et d’ailleurs : nous ne sommes pas un archipel d’îles isolées et auto-référencées, au contraire : nous sommes en communion. L’unité du Missel Romain est un signe de l’unité de nos communautés.
Cette traduction est-elle meilleure que la précédente ?
Aucune traduction n’est parfaite, elle cherche surtout à être adaptée. À chaque époque, la traduction doit assumer une triple fidélité : au latin en premier lieu, au respect de la langue de traduction et à la compréhension à l’oral par les chrétiens destinataires.
Pourquoi maintenant ?
En cette époque de mondialisation, le besoin s’est fait sentir d’une plus grande proximité avec le texte latin qui est la référence pour toutes les langues. De plus, les langues évoluent.
Un exemple : aujourd’hui, le Pape François parle souvent de la “tendresse de Dieu” alors qu’en 1970 le mot “tendresse” pouvait difficilement être appliqué à Dieu.
Autres exemples : la Commission a fait le choix d’abandonner le « langage de cour » (Daigne Seigneur, dans ta majesté) et les expressions aujourd’hui inusitées.
Elle a restauré de nombreux “nous te le demandons” que la traduction de 1970 avait omis, car c’est notre façon de dire à Dieu “S’il te plaît”.Nouvelle traduction ou pas, le vocabulaire liturgique ne reste-t-il pas difficile ?
Certains mots peuvent être obscurs, c’est vrai. En revanche, dès que nous regardons de près, nous voyons que les textes de la liturgie sont pétris de paroles de la Bible, d’épisodes de l’Évangile… c’est ce trésor de famille qui les rend beaux et savoureux. Nous sommes heureux de dire avec le centurion : “Seigneur je ne suis pas digne”, avec Saint Paul “Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus” et avec les anges “Gloire à Dieu au plus haut des cieux”…
En conclusion
La célébration eucharistique est une grande affaire. C’est l’Eglise du Ciel et de la Terre qui prie avec nous et par nous : l’Eglise nous donne les mots de la prière.
Alors recevons ensemble la nouvelle traduction en demandant à l’Esprit Saint “que nos cœurs soient à l’unisson de nos voix” (“ut mens concordet voici”, Règle de saint Benoît).
Par Christine Verny, Pastorale liturgique et sacramentelle
Et pour les chants
Savez vous que les parties à chanter en tout premier à la messe sont les répons, les dialogues, les prières et l'acclamation de l'évangile ? Le missel dans sa nouvelle traduction contient maintenant de nombreuses partitions pour leur cantillation. La formule d'envoi apporte des belles nouveautés "Allez en Paix, glorifiez le Seigneur par vote vie", nos frères diacres vont pouvoir bien chanter.
Des formations à la cantillation pour les prêtres seront proposées à partir de janvier aux quatre coins du Diocèse.
Ensuite les chants rituels (Kyrie, Sanctus, Anamnèse, Agnus Dei) sont modifiés légèrement ou beaucoup, nous allons faire du tri dans nos partitions avant de découvrir les créations nouvelles des compositeurs.
Kyrie tropé (avec des prières d'intercession avant de chant Seigneur prends pitié) : gardons les versions psalmodiées et adaptons le texte. Un bon exercice pour découvrir l'importance d'une bonne prosodie (la musique au service du texte, son sens, son rythme et sa prononciation).
Anamnèse : A vos crayons pour inverser sur les partitions "annonçons" et "proclamons". Puis attendons la mise en musique de la nouvelle formule "sauveur du monde sauve-nous"
Agnus Dei : le péché devient les péchés, pas de difficulté.
Parmi les membres de l'équipe des traducteurs, plusieurs avaient les compétences musicales nécessaires pour évaluer l’adaptabilité du texte au chant, ce qui n'est pas un détail et devrait permettre une mise en œuvre aisée.
Osons nous lancer tout de suite avec les bonnes paroles !
Par Claire-Elise Sterlin, Coordinatrice de la Pastorale liturgique et sacramentelle et Déléguée diocésaine à l'animation chorale et musicale
Changement pas à pas
Petits exemples choisis parmi de nombreux.
- L'expression "frères et sœurs"
remplace "frères" dans le "Je confesse à Dieu" et la prière eucharistique.
Ce n'est pas une concession faite au féminisme mais un retour à la richesse du texte latin ! (B.Melois, SNPLS)
- Nous qui sommes pécheurs est maintenant "nous qui avons péché" car pécheurs n'est pas notre nature, nous avons été purifiés par notre baptême du péché originel, en revanche nous péchons au quotidien et avons besoin du secours du Seigneur.
- Lors de la préparation des dons : Toi qui nous donnes ce pain..." devient "nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes". Nous retrouvons ce mouvement de rendre grâce pour la miséricorde de Dieu avant toute demande ou action auprès de Lui.
Exercices de traduction
Prière d’ouverture du premier dimanche de l’Avent

Da, quaesumus, omnipotens Deus, hanc tuis fidelibus voluntatem, ut, Christo tuo venienti iustis operibus occurrentes, eius dexterae sociati, regnum mereantur possidere caeleste

Donne à tes fidèles, nous t'en prions, Dieu tout-puissant, la volonté pour que en allant avec des œuvres justes à la rencontre du Christ qui vient, associés à sa droite, ils méritent de posséder le royaume céleste.

Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, d'aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur. Pour qu'ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du royaume des cieux.

Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, la volonté d’aller par les chemins de la justice à la rencontre de celui qui vient, le Christ, afin qu’ils soient admis à sa droite et méritent d’entrer en possession du royaume des Cieux.
La NT a repris le mot volonté qui avait été traduit en 1970 par courage : c'est nous qui choisissons d'aller vers le Christ, mais Dieu nous donne les moyens (la volonté) de ce choix.
Celui qui vient : cette précision évoque beaucoup de passages de l'Evangile où Jésus "vient" vers nous, des paraboles comme celle des vierges sages, et encore les derniers mots de l'Apocalypse : "Viens, Seigneur Jésus".
A sa droite : la traduction de 1970 avait rappelé le contexte du jugement, sans reprendre "à sa droite" qui renvoie à la description imagée de Matthieu 25. Être à la droite du Christ, ce n'est pas seulement être appelés dans le Royaume, c'est être proche de lui, c'est tout partager avec Lui, pour toujours. Nous n'en sommes pas dignes du tout, nous ne le "méritons" pas : nous avons les mains vides, comme dit Thérèse de l'Enfant Jésus ; mais il nous revient d'accueillir le don de Dieu : en allant vers Jésus, en prenant le chemin des œuvres justes, en le laissant nous placer "à sa droite", en acceptant l'héritage des enfants (le royaume des cieux), nous "méritons", nous faisons notre part irremplaçable.
A noter la stratégie des oraisons : tout ce que nous avons à faire, nous demandons à Dieu de nous donner de le faire… (Ex : donne la volonté d'aller)
Aller plus loin
- D'où vient le Missel romain, repères historiques
- Découvrir quelques changements
Une vidéo nous permettant de savourer le travail de traduction au plu près de l'expression de notre foi. - Site du Service National de Pastorale liturgique et Sacramentelle (SNPLS)
Bientôt
Document sans titre Document sans titre Document sans titre Document sans titre Document sans titre
Newsletter
Recevez les nouvelles de la vie du diocèse :
Actualités
Se former
Parce que Dieu est vie, notre foi est appelée à être vivante, elle doit être nourrie pour croître et se donner. Prier, entretenir et développer l’intelligence de notre foi, réfléchir en nous-même et avec d’autres, confronter nos idées et débattre... la formation est importante !