Prier le Notre Père en enfant de Dieu

« Aujourd’hui, dans l’Esprit reçu à notre baptême, disons ensemble, la prière des enfants de Dieu que le Seigneur vous a enseignée » (Rituel du baptême des petits enfants). L’Église qualifie ainsi le Notre Père : la prière des enfants de Dieu.
Jésus permet à ses disciples de donner à Dieu le nom de Père, le nom qu’il lui donne lui-même. Il signifie alors que, par l’offrande de sa vie, il fait d’eux ce qu’il est lui-même : les fils du Père. Le baptême incorpore le baptisé au Christ ; il fait de chacun et de chacune un enfant de Dieu invité à appeler Dieu « Père ».

Un élan du cœur pour recevoir la tendresse Père
La prière du Notre Père est d’abord la prière d’un enfant seul face à son Père. Le Christ nous introduit ainsi dans la tendresse de Dieu, d’un Dieu qui nous prend dans ses bras.
Rappelons-nous ces paroles du prophète Isaïe : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi je ne t’oublierai pas, car je t’ai gravé sur les paumes de mes mains » (Isaïe 49, 15-16a). Mais le Notre Père n’est pas que cela. Il est la prière qui unit les baptisés au Christ et entre eux.
Une prière admirable mais exigeante
Admirable prière que Jésus nous laisse. Admirable mais exigeante, puisqu’elle nous engage à vivre en cohérence avec ce que nous souhaitons à Dieu et avec ce que nous lui demandons : le désir de son règne, et l’engagement à vivre en peuple témoin de sa sainteté ; la venue d’un Royaume de justice et d’amour où les hommes sont sauvés ; la force de travailler à construire dès ici-bas le Royaume qu’il désire, la nourriture, (sa Parole et le pain de sa vie) pour nourrir nos vies et nous tenir dans l’espérance ; la grâce de savoir aimer les autres comme Lui nous aime, de dépasser la justice pour aller au pardon ; la grâce de garder intactes notre foi et notre relation à Lui dans les épreuves de la vie ; sa protection face au Mal qui contrecarre son projet d’amour.
Une prière qui requiert l’adhésion du cœur
Admirable prière que nous pouvons adresser à Dieu avec toute la tendresse de notre amour d’enfant. Modèle de la prière chrétienne, le Notre Père est déjà un acte de communion avec le Seigneur Jésus puisqu’il nous situe comme lui en fils devant le Père. Il réclame de chacun de nous une adhésion intérieure à ces paroles reçues du Sauveur. Admirable prière qui nous fait entrer dans l‘intimité de Dieu en prenant la plus belle des attitudes : celle d’un enfant qui dit son amour filial.
Source : www.eglise.catholique.fr
Prier c’est accueillir la présence de Dieu, c’est aussi le chercher.
« Seigneur, apprends-nous à prier ! », dit le disciple de Jésus (Lc 11, 1).
« Quand vous priez …., dites : "Notre Père …" », répond Jésus (Mt 6, 7.8).
Le Notre Père est évangélique, sorti tout droit du cœur et de la bouche de Jésus qui dialogue avec ses premiers amis. Deux mille ans plus tard, en français ou en latin, en chinois ou en l’une des innombrables langues humaines, des enfants, des hommes et des femmes, des vieillards redisent ces mots prononcés par Jésus lui-même, dans sa langue.
Le monde continue de prier et d’apprendre à prier. Le Notre Père est la prière du chrétien par excellence, car c’est « la prière du Seigneur ». Oui, c’est la prière donnée par Jésus au nom de son Père : « Je leur ai donné les paroles que tu m’as données », dit-il (Jn 17, 8). Mieux, c’est sa prière même, Lui qui est le Fils unique de Dieu fait homme. Dans son cœur, il partage nos besoins. La prière du Notre Père nous les révèle. En priant le « Notre Père », nos désirs parfois superficiels, s’ordonnent vers le plus grand bien, vers le plus grand amour.
Mon Père … Notre Père. Dans sa prière, le chrétien ne peut se passer des autres. Personnelle, la prière chrétienne est toujours insérée dans la prière communautaire. Tous les chrétiens, malheureusement encore divisés, disent avec joie la même prière. Ils la reçoivent au baptême. Dans les sacrements du baptême et de la confirmation, ils sont engendrés à la vie nouvelle, la vie divine, marqués du sceau de l’Esprit. Engendrés, ils apprennent leur nouvelle filiation, leur nouvelle famille.
Après l’adresse à « Notre Père qui es aux Cieux », Jésus met sur nos lèvres sept demandes. Quatre expriment nos besoins fondamentaux : la révélation et la sanctification du nom de Jésus en tous et par tous ; l’accomplissement de son Royaume de paix, de justice et d’amour ; le désir de Dieu qui est le vrai chemin du bonheur ; la nourriture qui nous fera marcher vers son Royaume. Toute notre vie entre dans ces demandes.
Trois autres marquent notre combat contre le Mal : le pardon reçu qu’ouvre le pardon donné ; l’aide pour refuser la tentation ; et, enfin, la délivrance de l’auteur du péché, le Mauvais. Qui pourrait penser que lui et le monde peuvent se dispenser de ce combat ?
Le Notre Père est école de prière quotidienne, simple et accessible.

Source : liturgie.catholique.fr
Le Notre Père cœur de la prière chrétienne
Le Notre Père cœur de la prière chrétienne, est la prière évangélique reçue par les disciples de Jésus par laquelle le chrétien se reconnaît enfant de Dieu
Une vidéo du CFRT
Prier le Notre Père c’est converser avec Dieu
Prêtre dans le diocèse de Poitiers, Patrice Gourrier invite à voir la prière comme un « art de vivre ». Il fait redécouvrir la saveur et la portée du Notre Père.
Une vidéo du CFRT
Nouvelle traduction : « Ne nous laisse pas entrer en tentation »
Le 3 décembre 2017, premier dimanche de l’Avent, une nouvelle traduction du Notre-Père est entrée en vigueur dans toute forme de liturgie.
Les fidèles catholiques ne disent plus désormais : « Ne nous soumets pas à la tentation » mais « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». L'ancienne formule était utilisée depuis 1966.
La décision de modifier la prière du Seigneur n’allait pas de soi : d’abord parce qu’elle est la prière la plus mémorisée par les fidèles, ensuite parce que la traduction en usage a fait l’objet d’un consensus œcuménique. Il fallait donc de sérieuses raisons pour ce changement.
Fidélité au texte grec
Il faut d’abord dire que ce verset est très complexe à traduire. Les exégètes estiment que derrière l’expression en grec du texte de Mt 6, 13 et Lc 11, 4 se trouve une manière sémitique de dire les choses. Aussi, la formule en usage depuis 1966, « ne nous soumets pas à la tentation », sans être excellente, n’est pas fautive d’un point de vue exégétique. Mais il se trouve qu’elle est mal comprise des fidèles à qui il n’est pas demandé de connaitre les arrière-fonds sémitiques pour prier en vérité la prière du Seigneur.
Beaucoup comprennent que Dieu pourrait nous soumettre à la tentation, nous éprouver en nous sollicitant au mal. Le sens de la foi leur indique que ce ne peut pas être le sens de cette sixième demande. Ainsi dans la lettre de Saint Jacques il est dit clairement : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : "Ma tentation vient de Dieu" (article qui a fait l’objet d’une publication dans Découvrir la Tradition officielle liturgique de la Bible, AELF-Mame-Magnificat, Paris, 2013, p. 69-72.), Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne » (Jc 1, 13). D’où la demande réitérée d’une traduction qui, tout en respectant le sens du texte original, n’induise pas une fausse compréhension chez les fidèles.

Fidélité à l'esprit de l’Évangile
Cependant le problème n’est pas qu’une question de mots. La difficulté est celle d’exprimer et d'entrer dans le mystère de Dieu dans sa relation aux hommes et au monde marqué par la présence et la force du mal. Le récit de la tentation de Jésus est éclairant. Il nous est rapporté par les trois Évangiles de Matthieu, Marc et Luc, et toujours selon la même séquence, aussitôt après le baptême de Jésus dans le Jourdain. Jésus vient d’être manifesté comme le Messie et le Fils que Dieu donne à son peuple, celui sur qui repose l’Esprit Saint.
Puis, conduit par l’Esprit, Jésus part au désert où il sera tenté par Satan. Le baptême inaugure son ministère, et l’Esprit qui demeure sur lui le conduit d’emblée au lieu du combat contre le mal. Ce combat, il le mène en délivrant les hommes de la maladie, des esprits mauvais et du péché qui les défigurent et les éloignent de Dieu et de son royaume. Cependant, au début de ce ministère, Jésus va livrer combat avec le tentateur lui-même. Combat redoutable, car c’est au coeur même de sa mission de Messie et de Sauveur des hommes, de sa mission de fils envoyé par le Père, que Satan va le tenter.

Une décision pastorale
On le voit, il ne s’agit pas ici simplement de l’épreuve à laquelle Dieu peut soumettre ses fidèles. Épreuve différente de celle vécue par le peuple d’Israël lors de traversée du désert.
Il est dit qu’au désert, Dieu a éprouvé la foi et la fidélité de son peuple, en lui donnant chaque jour la manne à manger ; épreuve de la foi, car au jour le jour, chacun devait s’en remettre en toute confiance à la parole de son Seigneur, se souvenant qu’il est celui qui l’a fait sortir d’Égypte pour lui donner la liberté et le conduire vers une terre où ruissellent le lait et le miel. La tentation de Jésus et la prière du Seigneur nous renvoient à une autre épreuve, celle du combat à mener contre celui qui veut détourner les hommes du chemin d’obéissance et d’amitié avec Dieu leur Père.
La nouvelle traduction, « Ne nous laisse pas entrer en tentation », écarte l’idée que Dieu lui-même pourrait nous soumettre à la tentation. Le verbe « entrer » reprend l’idée ou l’image du terme grec d’un mouvement, comme on va au combat, et c’est bien du combat spirituel dont il s’agit. Mais cette épreuve de la tentation est redoutable pour le fidèle. Si le Seigneur, lorsque l’heure fut venue de l’affrontement décisif avec le prince de ce monde, a lui-même prié au jardin de Gethsémani : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi », à plus forte raison le disciple qui n’est pas plus grand que le maître demande pour lui-même et pour ses frères en humanité : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Jacques Rideau - Ancien directeur du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS), Directeur au Séminaire français de Rome
Un livre pour comprendre

Publié au sein de la coédition, la Conférence des évêques de France propose le livre « La prière du Notre Père, un regard renouvelé ».
Ce livre d’une centaine de pages propose un commentaire par différents évêques de chacune des demandes de la prière du Notre Père.
Préface de Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne et Président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle
- « Notre Père qui es aux cieux » par Mgr Laurent Percerou, évêque de Moulin
- « Que ton nom soit sanctifié » par Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris
- « Que ton règne vienne » par Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans
- « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » par Mgr Laurent Dognin, évêque de Quimper et Léon
- « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » par Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier
- « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »
par Mgr Jacques Habert, évêque de Séez - « Et ne nous laisse pas entrer en tentation » par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen
- « Mais délivre-nous du mal » par Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Amiens
« Que ton règne vienne », un regard de Mgr Jacques Blaquart
« Pour beaucoup de nos contemporains, les mots « Royaume », « Règne » peuvent renvoyer à des réalités politiques d’un autre temps, d’un autre pays, avec un côté un peu désuet. Or, dans la Bible, et particulièrement dans la bouche de Jésus, l’unique expression grecque « Basileia tou theou », qui peut être traduite par « Règne », « Royaume », ou « Royauté de Dieu », est avant tout une action de Dieu, la relation vivante de Dieu avec son peuple, avec l’humanité tout entière, avec chacun de nous. Il ne faut séparer cette demande du Notre Père, « que ton Règne vienne », ni de celle qui précède, « que ton Nom soit sanctifié », ni de celle qui suit, « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». La venue du Règne de Dieu manifeste la Sainteté de son nom et permet l’accomplissement de sa volonté. Nous ne pouvons, dans la dimension contemplative de notre vie, adorer le Dieu Saint que si, dans la dimension active de notre vie, nous servons nos frères humains ; car la venue du Règne de Dieu en Jésus Christ révèle combien Dieu est Saint et comment Il sauve. » p.42
« Jésus, Parole de Dieu qui a pris chair de notre chair, est le Fils qui descend du Père et se fait tout proche des hommes (Mc 1, 15). Par son Esprit, il ne cesse de venir en nous, transformant nos vies si nous savons lui faire place dans nos cœurs. En priant Dieu le Père « Que ton Règne vienne », nous demandons que l’action de Jésus, particulièrement sa mort et sa Résurrection, manifeste tous ses effets de salut dans notre humanité. Le Règne de Dieu à la fois s’est manifesté en Jésus, se rend présent, et adviendra : telle est notre espérance, que nous célébrons dans l’Eucharistie ! » p.43
Monseigneur Blaquart
Extraits du commentaire du troisième verset du Notre Père du livre "La prière du Notre Père. Un regard renouvelé"

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